La Révolution Silencieuse des ATSEM : Découvrez Comment Leur Reconnaissance en Catégorie B Change Tout pour Leur Carrière et Leur Rémunération

ATSEM Catégorie B : Vers une Nouvelle Reconnaissance Professionnelle ? #

Comprendre le statut actuel des ATSEM dans la fonction publique #

Les ATSEM occupent un rôle bien défini dans la fonction publique territoriale, rattachés à la catégorie C de la filière médico-sociale. Leur cadre d’emploi est organisé autour de trois grades :

  • ATSEM principal de 2e classe
  • ATSEM principal de 1re classe
  • ATSEM chef

Ce classement est régi par le décret n° 88-145 du 15 février 1988 et la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale. Les postes sont accessibles sur concours ou par voie d’intégration directe pour les titulaires d’un CAP Accompagnant Éducatif Petite Enfance. Les textes les plus récents (décret 2018-152 du 1er mars 2018) élargissent encore ce cadre en ouvrant la possibilité de promotion interne vers le statut d’agent de maîtrise[1].

L’évolution du cadre statutaire s’inscrit dans une volonté d’adapter la profession aux réalités du terrain, tout en maintenant certaines spécificités territoriales. Marseille et le Val-de-Marne comptent ainsi parmi les collectivités ayant déployé des dispositifs spécifiques de reconnaissance pour faire évoluer leurs agents.

Les missions et responsabilités d’un agent spécialisé en maternelle #

Le rôle de l’ATSEM dépasse largement le simple accompagnement logistique. Au cœur de l’école maternelle, il s’articule autour de missions complémentaires :

  • Soutien aux enseignants titulaires de l’Éducation nationale dans la préparation et la mise en œuvre des activités pédagogiques
  • Assistance à l’encadrement éducatif des enfants de 2 à 6 ans
  • Gestion de la sécurité et de l’hygiène des locaux et des espaces de vie
  • Participation à l’organisation des temps périscolaires, repas et sieste
  • Accueil, écoute et médiation avec les familles

Depuis la réforme de 2018, le périmètre d’intervention des ATSEM s’étend à la co-construction des activités éducatives sous la responsabilité des enseignants[1]. Cette évolution implique des compétences accrues en matière de gestion d’urgence, de relation interpersonnelle et de prise d’initiative. À Lorient, 66% des agents interrogés ont déclaré devoir gérer des situations d’urgence sanitaire ou comportementale chaque semaine, témoignant d’une réalité de terrain complexe et exigeante[2].

Les revendications pour une revalorisation en catégorie B #

Le mouvement en faveur du reclassement des ATSEM en catégorie B prend racine dans la reconnaissance de la technicité et de la maturité professionnelle nécessaires au poste. Les principaux arguments avancés par des organisations telles que la Fédération CGT des Services publics, la Fédération UNSA Territoriaux ou encore la Fédération FO des Services Publics s’appuient sur des constats objectifs :

  • Complexification des tâches éducatives très éloignées du périmètre initial de la catégorie C
  • Besoin d’une autonomie accrue et de savoir-faire transférables
  • Pénibilité avérée des conditions de travail (port de charges lourdes, exposition au bruit, gestion de groupes importants)
  • Irrégularités salariales et précarité du calcul des primes et indemnités, non prises en compte dans le calcul des retraites

Les mobilisations récentes, à Lorient (mars 2024), à Saint-Dizier, ou encore à Toulouse rassemblent chaque fois plus d’un tiers des effectifs locaux, illustrant la dimension nationale de ces revendications[2]. Les syndicats interpellent régulièrement l’Assemblée nationale et le Sénat sur la nécessité d’un déclassement en catégorie B afin d’élargir les droits à la retraite et de sécuriser la carrière des agents concernés[2][3].

Nous estimons que cette revendication est légitime, compte tenu de la réalité vécue sur le terrain, du niveau de responsabilité et de l’évolution des attendus professionnels constatée ces dix dernières années.

Catégorisation des emplois publics : comprendre le rôle de la catégorie B #

La fonction publique territoriale structure ses métiers autour de trois grandes catégories statutaire :

  • Catégorie A : pour les métiers d’encadrement, de direction ou d’expertise supérieure, requérant un niveau bac +3 à bac +5
  • Catégorie B : pour les fonctions d’application, d’encadrement intermédiaire, techniques ou spécialisées, dès le niveau bac
  • Catégorie C : pour les métiers d’exécution, accessibles avec un diplôme de niveau CAP/BEP

La catégorie B se distingue ainsi par un niveau de responsabilité supérieur, une possibilité d’encadrement direct d’équipe, et des compétences techniques régulièrement validées par des concours et examens professionnels. Le décret n° 2016-1093 du 11 août 2016 précise notamment le niveau de technicité exigé et la place des agents de catégorie B dans la hiérarchie fonctionnelle.

Pour les ATSEM, ce déclassement ouvrirait de nouveaux horizons :

  • Accès aux grilles salariales de la catégorie B, avec un salaire indiciaire plus élevé
  • Droit à la retraite sur l’ensemble de la rémunération, y compris les indemnités
  • Capacité à encadrer directement les équipes ATSEM et à évoluer vers des fonctions de coordination ou d’animation territoriale[1][3]

À titre comparatif, à Paris en 2025, le passage en catégorie B des agents des bibliothèques ou des animateurs s’est traduit par une hausse salariale médiane de 2100 € brut annuel et une progression significative des carrières internes.

Parcours d’accès possible à une évolution de carrière #

Les dispositifs d’évolution pour les ATSEM se sont diversifiés ces dernières années, suivant les dynamiques de modernisation de la fonction publique. Trois voies principales s’offrent aux agents souhaitant accéder à des postes de supérieure catégorie ou se diversifier :

  • Promotion interne, validée sur dossier après examen professionnel ou présentation devant une commission paritaire, notamment vers le statut d’agent de maîtrise
  • Concours interne spécial permettant de rejoindre le cadre d’emploi des animateurs territoriaux (catégorie B)[1][3]
  • Détachement temporaire ou définitif sur un poste relevant d’une autre filière, pour diversifier les expériences et compétences

Le décret du 1er mars 2018 facilite notamment le passage des ATSEM vers les emplois d’animation territoriale si ces derniers réussissent un concours spécifique réservé. À Lyon, depuis 2019, près de 8% des ATSEM ont bénéficié d’un avancement grâce à ces dispositifs, principalement dans des postes de référente ou coordinatrice ATSEM au sein des écoles de la métropole.

Le recours au détachement est également encouragé par la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL), afin de remobiliser les compétences acquises et améliorer la polyvalence du personnel sur le terrain.

Débats institutionnels et perspectives d’évolution du métier #

Depuis 2022, les débats au Sénat et à l’Assemblée nationale se sont intensifiés au sujet du déclassement et de la revalorisation des ATSEM. La Commission des Lois a enregistré en mars 2025 plus de 120 questions écrites posées par des députés issus des Hautes-Pyrénées, de la Moselle, de la Charente-Maritime, preuve de l’enjeu national et transversal du dossier[2][3].

Les grandes fédérations syndicales, dont la CFDT Interco et la Fédération CGT Services publics, militent pour une véritable reconnaissance du statut, adossée à la prise en compte de la pénibilité du travail. Les interlocuteurs clés, à l’image de Sophie Marcon, directrice du Service Statutaire du CIG Grande Couronne, rappellent dans leurs rapports d’avril 2025 que les récentes évolutions réglementaires (comme le décret n° 2025-360 du 18 avril 2025) pourraient être le prélude à une vaste réforme des grilles indiciaires[4].

Le Gouvernement s’est engagé au maintien du dialogue social, promettant une concertation multisectorielle avant l’automne 2025. Les pistes évoquées incluent une refonte de l’accès aux emplois publics, la création de passerelles entre filières, ainsi que des mesures d’attractivité, à l’instar d’une bonification d’ancienneté d’un an accordée en 2022 pour tous les agents de catégorie C[3].

Le déclassement attendu en catégorie B représenterait ainsi un tournant : il augmenterait la rémunération annuelle brute, élargirait les droits à la retraite, et surtout renforcerait l’attractivité d’un métier en tension. Nous considérons qu’une telle reconnaissance, désormais réclamée par la majorité des ATSEM et de leurs employeurs, devra s’accompagner d’une formation renforcée et d’un accompagnement à la prise de responsabilités.

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